samedi 6 août 2011

Encore Danone…

Une fois n’est pas coutume, je vais m’éloigner - temporairement - de l’objectif de ce blog, qui est de traiter des relations franco-indiennes. Mais pour m’en éloigner très peu, je vous rassure : je vous emmène au Bangladesh, pays voisin de l’Inde, et il sera encore question de Danone, dont je parlais dans mon post précédent.

En effet, je crois qu’il est important de mentionner les success stories de nos grands groupes lorsque leurs retombées positives servent une noble cause. C’est si rare.
Laissez-moi donc vous raconter l’aventure de Grameen Danone.

En 2006, Franck RIBOUD, le PdG de Danone, a répondu favorablement à la proposition qu’était venu lui faire Muhammad YUNUS (économiste bangladeshi pionnier du microcrédit, fondateur de la Grameen Bank et Prix Nobel de la Paix 2006).

Le constat était le suivant : la moitié des enfants du Bangladesh souffre de carences alimentaires ; Grameen connaît bien la réalité de terrain et les besoins des populations locales ; Danone est expert dans l’agro-alimentaire et spécialiste des produits laitiers. Il s’agissait donc d’améliorer la santé des enfants bangladeshis par le biais d’un yaourt enrichi en micronutriments, conçu pour couvrir 30% de leurs besoins quotidiens.

 
Franck RIBOUD a accepté de se lancer dans l’aventure. Fidèle à ses convictions, Muhammad YUNUS a voulu que le projet soit piloté par une entreprise de type social business, le modèle économique qu’il a mis au point (en deux mots : les actionnaires récupèrent leurs mises de fond - sans faire de bénéfices - et conservent un droit de regard sur la gestion de l’entreprise). C’est la solution qui a été retenue.

Danone met alors ses équipes sur le pied de guerre : R&D bien sûr, mais aussi conditionnement, logistique, distribution, problématiques spécifiques au Bangladesh, …, tout est passé en revue.
Danone a financé une grande partie du projet, notamment le site de production qui a vu le jour en 2007.

Le yaourt nutritif est appelé Shokti+. Les enfants bangladeshis l’adorent. Il est produit avec le lait collecté dans 370 fermes du Bangladesh, et distribué à travers le pays par 820 Shokti Ladies, des entrepreneuses qui le vendent en porte à porte. Le prix de vente est abordable pour les populations et suffisant pour permettre à Grameen Danone d’atteindre l’autonomie financière totale. C’est un vrai succès.

Revenons maintenant à l’Inde. Malgré le boom économique que vit le pays depuis une dizaine d’années et les progrès réalisés en matière de développement social, on estime que 45% des enfants indiens de moins de trois ans souffrent encore de malnutrition. Le phénomène est surtout concentré au nord et dans le centre du pays, et touche aussi les populations vivant dans les bidonvilles des grands centres urbains.

Avec le savoir-faire de Danone en matière de produits laitiers et la réussite de Grameen Danone, l’aventure Shokti+ pourrait tout à fait se reproduire en Inde. D’autant plus que Danone disposera bientôt d’une implantation au Punjab et d’un réseau de distribution couvrant l'ensemble du territoire grâce à l’accord qu’il vient de passer avec l’Indien Wockhardt dans le domaine de la nutrition...infantile et médicale.
Encore un beau challenge à venir pour Franck RIBOUD ?

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